Située dans le département du Plateau, à l’est du Bénin, Kétou est une ville à forte portée historique. Ancienne capitale d’un royaume yoruba, elle incarne l’un des plus anciens pôles d’organisation politique et spirituelle du sud-est béninois. Frontalière du Nigéria et à environ 160 kilomètres de Cotonou, Kétou occupe une position charnière entre les régions côtières et l’hinterland, ce qui lui confère un rôle de carrefour dans l’histoire des échanges et des migrations.

Selon la tradition orale, la ville fut fondée autour d’un arbre sacré indiqué par un chasseur au roi Ede, l’un des descendants directs du mythique Oduduwa, ancêtre fondateur du peuple yoruba. Ce récit, transmis de génération en génération, continue de structurer les rituels d’intronisation des rois de Kétou. L’actuel palais royal conserve la mémoire de cette lignée, avec ses 25 cases rituelles et une alternance dynastique entre cinq familles princières.

La ville s’organise autour de sites sacrés d’une rare valeur patrimoniale. Le musée d’Akaba-Idena, les fameuses portes magiques qui ne se ferment que face au danger, en est l’un des plus emblématiques. Le fétiche Aïtan-Ola, dissimulé sous un monticule d’ordures sacrées, illustre la profondeur spirituelle des pratiques anciennes. À cela s’ajoutent la rivière sacrée de EKA à Idigny et les anciens fossés de défense qui rappellent la structuration militaire des cités-États yoruba.

Malgré son statut de communauté rurale, Kétou développe une économie fondée sur l’agriculture et le petit commerce. Ses marchés colorés, sa production locale et son artisanat reflètent la vitalité d’une population attachée à ses traditions. La ville attire également de nombreux visiteurs béninois et étrangers en quête de racines, de mémoire et de spiritualité.

À Kétou, chaque ruelle, chaque pierre, chaque récit chuchoté rappelle que l’histoire n’est pas seulement écrite dans les livres : elle se vit, se marche et se transmet.