Dans certains quartiers de Porto-Novo ou de Ouidah, les habitants n’attendent pas toujours la police pour se sentir en sécurité. Lorsqu’il fait nuit, une autre présence prend le relais : celle du Zangbéto. On le reconnaît de loin à son costume imposant, fait de longues fibres végétales tressées, et à la manière particulière dont il se déplace. Dès qu’il apparaît, l’ambiance change.
Le Zangbéto, qui signifie « chasseur de la nuit » en langue goun, fait partie des traditions locales depuis des générations. Il a été instauré à l’époque du royaume de Hogbonou pour assurer l’ordre dans les communautés. Il patrouille, observe, intervient si nécessaire. Son autorité repose sur un ensemble de règles transmises dans le respect des anciens, mais aussi sur une certaine capacité à sentir ce qui se passe dans les coulisses d’un quartier.
Bien que les temps aient changé, il continue d’agir là où on l’appelle, souvent dans des zones peu couvertes par les services de sécurité classiques. Certains l’associent à une forme de police communautaire. Il ne porte pas d’arme, mais son simple passage suffit à faire taire les disputes ou faire fuir les fauteurs de trouble.
Le jour, on le voit parfois dans des cérémonies, des carnavals ou des fêtes traditionnelles. Là, il danse, tourne sur lui-même, surprend le public avec des gestes inattendus, parfois même en sortant des objets de son costume. Les plus jeunes s’amusent, les plus âgés observent en silence. Tout le monde, à sa manière, participe à ce moment de lien.
Ceux qui portent le costume sont initiés dans des conditions strictes. C’est un apprentissage qui demande du temps, de la patience, et surtout, de la discrétion. Une fois habillé, l’homme disparaît derrière le rôle qu’il assume pour le bien du groupe.
Dans un monde en constante évolution, le Zangbéto rappelle que certaines formes d’organisation, issues de la tradition, restent encore très présentes dans le quotidien. Non pas par nostalgie, mais parce qu’elles continuent d’être utiles et respectées.
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